Once in a lifetime ...
C'est plus qu'une supposée attractive rengaine publicitaire, plus qu'un trait de comportement, presque un syndrome. Once in a lifetime, c'est la chance d'une vie. Non tantum c'est vivre aujourd'hui ce qu'on ne pourra pas vivre demain, sed etiam, c'est vivre aujourd'hui ce qu'on n'aura plus envie et plus besoin de vivre demain.
C'est le mariage d'un "On ne fera pas ça quand on sera vieux", et d'un "Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras", un "Carpe diem"
íncompris qui se serait pris les pieds dans un tapis de jeunisme, la
rencontre de "Il faut le faire une fois dans sa vie" et de "Ça vaut
le coup" qui aspirent tous deux à l'imparfait, l'aggrégation
d'un "Les voyages forment la jeunesse" et d'un "On dormira quand on
sera mort". C'est
emmagasiner des souvenirs qu'on a toujours voulu avoir dès que
l'opportunité se présente, réaliser sa vie cinématographique, avec ses
rétines (et éventuellement la carte mémoire d'un appareil photo
numérique) pour pellicule. Et si pour ce faire, il faut mobiliser des
ressources d'audace, de courage, de résistance à la fatigue et de
monnaie autrement supérieures aux exigences quotidiennes moyennes,
on le fait. Period. Et avec bonne humeur et conciliation encore.
Poussé par l'envie de pouvoir raconter ce qu'on a fait, à moins que ce ne soit celle de faire ce qu'on a annoncé, on court d'attrapes-touristes en réelles satisfactions, au fil des maronniers touristiques. Et parfois, parfois seulement, dans un instant de distanciation, on se dit que ces monuments, ces villes, ces lieux si présents dans notre icônographie culturelle sont en fait des monuments, des villes, des lieux qui ne gagnent eux-mêmes que les gages des guides touristiques à être visités, qui n'apportent pas nécessairement à la hauteur des attentes, et qui apporteraient peut-être si on avait le temps d'en saisir plus, ou simplement d'y vivre. Parfois le tourisme frise le non-sens. Et pourtant, les excursions se succèdent, au rythme des bus bourrés d'asiatiques, parce que le dire ne suffit pas. Il FAUT "être témoin", se "rendre compte par soi-même", pousser l'expérience, parce que parfois, parfois également, on a de belles surprises, et on a la chance de vivre le moment béni du touriste, celui où la fascination justifie et glorifie les efforts consentis ...
L'occasion fait souvent le larron, et le larron, c'est souvent moi.
Sam, made by occasions.