La télé américaine n'a pas QUE des talk-shows et des
real TV shows a proposé à vous demander qui est de celui qui le fait ou de celui qui le regarde est le plus à plaindre. Quand on a supprimé la pub, elle regorge même
de shows tout court, ou séries, qui sont pour un nombre surprenant
d'entre elles, complètement addictives. Une série, c'est des exigences scénaristiques particulières et des personnages qui se contruisent au fil des épisodes. Quand ça marche, ça dure dix saisons et on parle dix ans après le dernier épisode. Il faut donc nous
voir, frénétiquement attendre que nos téléchargements illégaux se
terminent pour nous jeter sur le dernier épisode de la drogue du moment.
Il y a toujours Jack Bauer qui lutte un jour par an contre les
terroristes les plus terrifiants de la planète, qui en passant n'ont toujours pas compris après six saisons qu'ils
pourraient augmenter les chances de succès de leurs plans machiavéliques
en sévissant ailleurs qu'à Los Angeles. Bauer, c'est Zorro avec un
automatique à la ceinture, c'est Batman, avec Chloé O'Brian dans le
rôle d'Alfred, c'est le Cid tiraillé entre sa passion biblique et la
certitude qu'il est le seul à pouvoir empêcher un génocide, c'est le
Comte de Monte-Cristo emprisonné en Chine, c'est John McLane avec une
ligne directe dans l'oreille du président des Etats-Unis et pour tout
ça, on le suit, fasciné, botter le cul à des méchants très très
méchants pour que survive l'Amérique. Quel homme !
Il y a aussi Lost
qui à mon sens est une expérience scientifique à grande échelle visant à
déterminer jusqu'où on
peut mener l'intérêt du téléspectateur par le bout du nez et le prendre
pour un concombre décérébré. Un jour, un mec va sortir un bouquin
là-dessus dévoilant les
résultats de cette gigantesque étude. Trop à l'étroit avec dix personnages ? Comment amener plus de gens sur une île déserte référencée sur aucune mappemonde ? Pas de problème, je vous présente la boîte magique, qui fait apparaître n'importe quoi pourvu que ça permette de faire un nouvel épisode abracadabrant ! En tout cas, depuis cette
série, le monde de la
science est sûr que n'importe qui peut s'improviser scénariste, y
compris un cochon
d'inde prématuré sous perfusion de méthadone.
Dans un autre style d'humour, que je qualifierais d'intentionnel, j'ai
découvert ici deux autres séries, deux séries médicales qui m'ont accroché et dont je n'avais pas
connaissance en France. Scrubs, les débuts d'un jeune médecin rêveur et décalé tout
juste sorti de sa Med school, et lâché en patûre à un hôpital urbain et à son personnel. A mon sens plus
drôle et recherché que Friends, même si l'humour plus décalé est souvent moins accessible.
J'en ai avalé six saisons d'une traite, peut-être même deux fois.
Et plus
récemment, j'ai découvert House. Gregory House, diagnosticien génial,
mais personnage
aigri, blessé, fier, froid, calculateur, arrogant, solitaire, boiteux,
drogué
aux calmants et en tout point détestable, lutte avec son équipe de
spécialistes
(ah, Alison Cameron …) contre ce qu'il peut arriver de pire et de plus
improbable au corps humain. Il est l'oncle effrayant, le prof haï, le
médecin
cauchemardesque, le boss craint, l'analyste pince sans rire des plus
courantes
comédies humaines. Inhumain et de mauvais goût, il est surtout un
incroyable
logicien, croisé de la médicine moderne contre les maladies les plus
fourbes et vicieuses. Il est l'enfoiré qu'on ne peut ni licencier ni
détester,
parce qu'il est ultra-brillant, qu'il a raison même quand il se trompe,
et qui se sert de ses résultats comme circonstances atténuantes.
Il ne faut pas
compter sur lui pour y aller par quatre chemins pour vous annoncer que vous
allez mourir dans des souffrances horribles et que la médecine ne peut rien,
mais alors rien pour vous. En général, ça se résume à : "You're dying". Ce qu'il y a de rassurant, c'est que si la médecine
peut quelque chose pour vous, alors House bravera l'éthique, bon sens et
protocoles à grands coups de differential diagnosis pour identifier la
cause improbable de votre mal et y trouver un remède, et que plus souvent que
le contraire, il y parviendra. Et quand les méandres tortueux de son cerveau
auront finalement accouché d'une explication sinueuse, inédite et satisfaisante, il marquera la fin de son diagnostic de cette phrase récurrente : it's perfect ! Explains
everything !
Et puis j'allais
oublié, l'action est sensée se dérouler au Princeton-Plainsboro Teaching
Hospital. That's right, à domicile ! Et même si l'hôpital en
question n'existe pas, il y a quand même de belles images du campus de
Princeton et du Carnegie Lake au générique. Tout ça pour dire que je suis fan, que j'ai avalé les deux premières saisons en dix jours, et que
la troisième arrive. Princeton peut dormir tranquille, House veille.
A venir : comment j'ai trouvé un avenir.