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My New Jersey Experience
2 décembre 2006

The curse of the party driver

pharesLa malédiction du conducteur de soirées, je l'ai expérimentée ce soir, et j'en suis sorti indemne. Elle est physiquement indolore et laisse peu de traces, mais n'en est pas moins désagréable au plus haut point. J'explique. Cher lecteur, tu la connais d'abord sous d'autres noms, comme "malédiction du conducteur désigné", "mauvais sort du capitaine de soirée". Trois régionalismes pour un mal unique. Être atteint de cette malédiction, c'est se trouver responsable d'une voiture pleine de potes pour se rendre à une soirée ... et les ramener vivants. Ca a l'air tout bête, tu prends ta voiture, tu conduis jusqu'à la fête, et au milieu de la nuit, tu ramènes tout le monde chez soi. Simple ? Non, faux, complètement faux. D'abord, il faut arriver à savoir qui vient et qui ne vient pas, puis fixer un lieu et une heure de départ qui arrangent tout le monde et trouver une distribution suivant les affinités et la confiance des différentes personnes dans la conduite des chauffeurs désignés, spécialement quand on part à plusieurs voitures. Première étape : organisation. Ensuite il faut les convaincre de ne pas faire la préchauffe dans la voiture, parce que même si c'est drôle, c'est interdit, et c'est la responsabilité du conducteur qui est engagée dans ce pays. Mais jusque là, normalement tout va bien.

Parce que dans "emmener et ramener des potes de soirée", il y a, temporellement logique, rester à la soirée ... avec interdiction de boire plus d'une goutte d'alcool. Et c'est là que ça se complique. Tout le monde jouit de sa qualité de passager pour s'égayer, afin de pouvoir "profiter de la soirée" avec tout ce que ça inclut. Normalement, au bout d'une heure, tout le monde parle fort, saute dans tous les sens, danse, se rapproche physiquement d'un peu tout le monde, se lance dans des débats devenus compliqués, joue à des jeux étranges, la température de la salle monte et le sol se salit. Et le conducteur désigné regarde cela de son oeil sobre, étonné de ne pas sentir tout ce qui pousse tous ces gens à toutes ces actions, et qui pourtant porte un nom : la tise. Un peu plus tard, tous les fêtards passe en mode australopithèque : la démarche hésitante, l'oeil brillant ou trouble, le rire épais, la voix rauque ... Là, normalement, quand tu vois tes potes comme ça, c'est le moment où tu te sers un grand verre en disant à voix haute "Oh la, j'ai pas encore assez bu, moi". Mais le conducteur n'a toujours pas le droit. Et ça l'amuse rarement, ça l'agace souvent, et aussi pathétique que ce soit à écrire, il regrette souvent de ne pas pouvoir participer à cette collective régression de l'espèce. Alors, son verre de jus d'orange à la main, il se met en quête d'autres conducteurs, et ensemble, ils font des tours de pâté de maison, commentent les évènements de la soirée (une de leurs missions est également de se souvenir pour les autres), se plaignent régulièrement, jurent qu'on ne les y reprendra plus, et en viennent à prétendre que c'est la pire soirée de leur vie.

Puis, n'en pouvant plus de cette attente  inintéressante, le conducteur se met en tête de rassembler ses ouailles. D'abord les localiser. Toutes. Puis glisser plus ou moins discrètement l'idée qu'il se fait tard. Si la réaction espérée n'arrive pas, tenter de convaincre. Mais discuter avec un australopithèque (le seul être vivant qui peut avoir une conversation avec un objet, quand même), quand on n'est soi-même encore un homo sapiens sapiens est vain d'une part, et agaçant d'autre part. Souvent, l'argument d'autorité est nécessaire : "Bon, euh, là il est quatre heures du mat'. Moi je rentre. Ceux qui ne sont pas en bas dans cinq minutes, ils se DEMERDENT pour rentrer, j'en ai rien à foutre". Efficacité assurée. Là, il s'en trouve toujours un que tu avais à vue dix secondes auparavant qui a disparu. Donc tu itéres les étapes précédentes jusqu'à les avoir tous traîner en bas.

Sur le chemin jusqu'à la voiture, la horde d'australopithèques te remercie d'être un "mec trop cool" et de t'être dévoué. C'est à ce moment là aussi que le conducteur futé fait promettre au chef des australopithèques que la prochaine fois, c'est lui qui conduit.

Sur le chemin du retour, en plus de la route et de l'état de fatigue, il faut supporter ceux qui chantent faux à tue-tête, ceux qui déblatèrent des loghorées incompréhensibles, et garder en tête qu'à tout moment, il peut falloir s'arrêter sur le bas côté pour préserver les sièges en cuir. Quand tous s'endorment, il ne reste qu'à lutter seul contre la fatigue et l'hypnose de la route, jusqu'au moment où la voiture est garée, et où tirer le frein à main correspond à être, enfin, relevé de ses fonctions ... et à la fin de cette soirée de m....


La sécurité routière française, pour faire passer son message, à écourter la formule. L'originale disait : Celui qui conduit, c'est celui qui ne boit pas ... et il l'a grave dans l'os !

Sam, tonight's party driver

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Commentaires
J
mdrrrrr je me rend compte du retard que j'ai dans ton blog mais pas grave, j'ai rattrapé quelques mois de fous rire grace a tes posts ! thanks et vive les soirées australopitheques !!!
M
Et oui, bienvenue dans le monde reel !<br /> Tu vois, au debut, meme avant que tes fesses de beau gosse arrivent sur le continent, et que les driver's license n'etaient pas aussi repandus au sein des membres du groupe de l'Appart ? Et bah c'etait pas mieux ...<br /> Tout ca pour dire que ce role est bien entendu tres pesant pour l'acteur principal, qui doit, du haut de sa montagne de sobriete, s'empecher d'etrangler tous ses autralopitheques un par un ... Car non seulement l'australopitheque est le seul etre vivant capable de discuter avec les objets, mais c'est aussi et surtout l'etre vivant le moins facile a supporter ... Et j'en sais quelque chose, capitaine !<br /> Au fait, j'espere que c'etait pas moi le capitaine des aust. hier, je ne me souviens pas t'avoir promis quoi que ce soit concernant la prochaine soiree :) Bon j'ai surement aussi oublie de te remercier sur le chemin du retour, mais on a pas besoin de mots, hein ?<br /> Sur ce, je vais finir mon hoggie et tenter de mettre moi-meme ensemble ("put myself together" vince ;) ) avant de prendre une decision sur mon avenir de la journee ...<br /> A bientot ou a plus tard
V
Prochaine fois je conduis !
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